La galerie

Et si la terre était plate
Et si celui qui avait la preuve du contraire n’avait jamais été écouté ?

Si la majorité à tort, pourquoi n’aurais-je pas raison ?

L’erreur est la certitude.
Le doute serait la seule vérité ?

Qu’est-ce que le monde sait de la réalité ?

Qui pourrait me dire si je perd pied avec la réalité ?
Et si tous se trompaient ?

Et si le ressentit n’était qu’illusion
Et si la théorie n’était que divagation

Et s’il n’y avait rien de moins sûr que 2 et 2 font 4 ?
Mes yeux me disent que cela fait 22 sur le papier.

Et si je ne croit pas ce que je vois ?
Tu vois bien que ça mène à rien !
D’ailleurs, vois-tu bien ?

Pas de certitudes
Pas de croyance
Que reste-t-il ?
L’erreur pour seule piliers,
Le doute pour l’ébranler,
La certitude pour se tromper,
La croyance pour survivre.

Et si rien est tout
Si la matière n’est que chimère

Et pourquoi suis-je aussi sûre que les sentiments eux sont toujours vrais ?
Pas ceux que l’on dit,
Pas même ceux que l’on pense,
Mais ceux qu’on ressent.

Il faut bien croire en quelque chose.
Mais si rien n’est vrai,
Si rien n’est sûr,
Je peux bien croire n’importe quoi si je veux
Et c’est très bien comme ça.

Le monde est à moi.

Double jeu
(et jeu de mains... demain)


Cœur
Pique
Un cœur à l'envers, c'est un cœur qui pique.

Le risque quand on joue son cœur
C'est de ne pas tomber sur la bonne carte.

L'As retourne derrière ses murs de carreaux
Des carreaux pas clairs qui font voir flou à travers

Et la Reine au milieu de son échiquier attend la pluie
Pourvue qu'elle rince les cases et que repoussent des trèfles.

C'est un plateau fertile
Haut en couleur malgré que je marche sur du noir et blanc.

Et paf je trébuche.
Ici il manquait une case.
La Reine s'est pété la gueule dans le Trou
A moins que ce soit le Fou ?

Échec
Mais jamais mat !

Bat les cartes !
Trou de mes deux!
Que je tire mon avenir, voir quelles tour je vais mettre sur cette case vide.

Mais faites qu'il pleuve !
Que j'arrive enfin à y voir clair à travers ces carreaux
Rouges comme le cœur que j'y jette.

Est-ce bien normal ?

Une larme
une de plus
Je les gaspilles peut-être, et je perd mon temps
Mais si on ne donne pas son temps ni ses larmes, alors que donne t-on.
Ça coute pas cher... ou peut-être un peu quand même ? Quel est la valeur d'une larme, d'un cœur qui bat, d'une vague intérieur. Quel est le prix de l'énergie ? Celle que je peux dépenser sans compter.

Et des mots qui reviennent. Des échos prononcés qui résonnent à l'heure où les songes s'assombrissent. Des beaux mots, des troublants, d'autres qui piquent alors qu'ils ne devraient pas.
Si ? Ils devraient ? Je ne sais pas. Comme toutes ses choses qui n'ont pas de chiffres pour être comptées.
Alors, c'est grave ou pas ? Tant qu'on se relève, ça ne l'est jamais et même à trois pattes le chien continu à trottiner.

J'ai pas vu la marche, je me suis cassé la gueule, j'ai hurlé, j'ai rampé, les jambes liées par des entraves imaginaires. La perte de contrôle est une chose bien étrange quand elle s'empare de l'âme. Avoir peur sans voir le monstre, les démangeaisons sans parasites, la douleur sans maladie, la tristesse sans savoir d'où vient le deuil. Ne plus être soit, se perdre et par chance avoir quelqu'un pour me rappeler qui je suis. Et je me suis battue contre ce Pas Moi, l'Autre là. Pas méchant juste tordu et surtout têtu.
Se relever et en rire, pas forcément dans cet ordre là. C'était terrible, mais c'était possible. Terrible comment ? Ça non plus, on ne mesure pas.
Mais je sais qu'à côté de ça, la marche suivante ne m'impressionne pas tant.

Qu'est-ce qu'une larme ou même une nuit de sanglot après des années de déluges ?
Et qu'est-ce qu'une souffrance normale ? Qu'est-il normal de tolérée ? Où est l'exagération, où est le vrai immondice, celui que l'on pense intolérable tant qu'on a pas eu à le tolérer ?

A force de m'être dit "ta gueule" quand j'ai eu mal, peut-être que parfois je ne sais plus quand je dois m'écouter.
Qu'est-ce qui est raisonnable ? Comment en juger ? Surtout par moi-même, faussée comme une horloge rouillée à l'heure où la lune semble arrêter le temps.
Est-elle pleine ce soir, pour avorter ma raison de sa rondeur blafarde ?

Ce n'est rien... ou peut-être pas...

Non, ce n'est pas rien, c'est quelqu'un, un être humain. Ses mots vibraient dans mes yeux, comme des cordes de violon. Sa note qui touche, de l'or dans les mains. Et au delà des mots peut-être... quelque chose... mais quoi ?
Ce quoi qui n'a pas de mot, pas de sens, pas d'identité. Ce je ne sais quoi du pourquoi de la larme et de mots qui piquent.
Il fut un temps ou j'ai appris à dire "merde" à ce qui sort de mes fissures et que je n'identifie pas. Mais tôt ou tard, il faut que ça parle.
A qui ? De quoi ? à quoi bon...

Finalement, ça ne fait pas si mal. Qu'importe si ça pique plus ou si ça pique moins, ces choses qui ne peuvent être comptées.
Ce n'est rien et ça restera dans le Trou. Un rien dans un trou, autant dire qu'il n'y a rien du tout.
Mais alors, de quoi je parle ? ... euh...Ta gueule.

Et puis rien ou pas, ça m'appartient. C'est suffisant pour creuser, trouver de l'or et en remettre dans ses mains. De l'or qui ne se compte pas.

Fraise chantilly
(body-art ?)

Des choses
J'aime les choses
Pas grand chose
Juste des fraises et un tube de chantilly

Une fraise juteuse, je croque dedans
Maladresse, éclaboussure et je m'incline pour faire rouler cette souillure, qu'elle sillonne sur ma soie
Fine ligne sucrée, rouge blessure
Elle plonge comme un suicide, longe le tracé bleu de mes veines sur ma peau, jusque dans la paume de ma main.
Un délice à porter de vibrisse.
Les narines qui frémissent avant qu'une lèche si glisse
Avant que le rouge ne s'étire et se fonde sur le rosé de mon cuir.

Sucré
Légèrement acidulé
Et l'envie de recommencer.

Un autre fruit au sacrifice
Croqué, lacéré et trainé pour le prix d'une lubie
Le temps d'une envie, un caprice, un sourire, mon petit nez qui plisse.
Et combien d'autres encore pour que la pulsion s'assouvisse.
Une ligne sur une courbe, un flots dans une cambrure
Une danse pour que s'écoule la rivière de gourmandise à la lumière tamisé d'une flamme
La chaleur même de cette dernière ajoutant de la saveur à cette cajolerie pour papilles et pupilles.

Dégringolade comme une caresse du bout du doigt
Je ne sais pas vous, mais moi je ne m'en lasse pas.

Jeune fraise acide sur peau fragile
Un peu plus de douceur
Un peu plus de grandeur
Un relief chantilly accompagnant le fruit.
Je sort du cylindre une délicate dentelle,
Voilette blanche sur rouges zébrures.

Les flots pourpres et les chichis
Un dessert chic et mutin
De frais contactes qui taquines
Comme l'on peut frémir d'un rien
Délicieux rien et chute de rein

Devant la glace, Narcisse au féminin
Admire ses propres dessins
Et s'en lèche du coude jusqu'à la main.
Mais ne pouvant atteindre guère plus loin que pointe des seins
Se dirige vers la salle de bain
Où la vapeur d'un courant divins
Emporte tout, lignes fraises et blanc festin.