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Bûcher intérieur

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Message  Arock Lun 16 Nov - 1:00

Mes talons claquent sec sur les pavés du port. Aussi sec que cette humeur râpeuse qui me racle de l'estomac jusqu'au fond de la gorge. J'étais avec elle, en elle, pour elle. Et voila qu'au détour d'une rue, un coin sombre de trop à visiter, et quand je m'en reviens, elle n'y est plus. Ca pue l'abandon, la lassitude aboutie, mais j'y crois pas. Pas un instant. Elle n'a jamais eu ce côté sombre à subir. Jamais qu'une façade douce, avenante, protectrice, et pas l'inquiétude de mes absences, toujours justifiées à bon escient.

Mais putain pourquoi, alors ?

L'air froid m'agresse, me brule les bronches, et je savoure cette douleur à grandes goulées, du calme à petites doses. Je trouverai bien de quoi fumer dans une ruelle, une foin bien sec et âpre pour me faire mal et me calmer. Je sens par son absence la rage qui remonte, cette haine canalisée qui reprend son terrain propre.

Je n'arrive pas à comprendre son départ. Tout comme jamais je n'ai compris son amour, sa tendresse. Pourquoi moi ?

Au fond, ce n'est pas cette séparation qui me dérange, tant je la comprend, mais plutôt l'incompréhension. Le choix de l'instant, du lieu. Est-ce vraiment choisi ? Pourquoi n'aurais-je rien vu venir ? Non, en fait, je ne l'accepte pas, comme bien d'autres choses. Mais cette rage me bouffe.

Et mes talons claquent sec sur les pavés du port. J'avance, je le laisse derrière moi, je laisse ces vagues qui inlassablement reviennent buter conter les berges, sans pouvoir s'accrocher, comme une putain un mauvais soir. J'en viens et j'en part, le passé est derrière et ce n'est pas de lui qu'on fait l'avenir.

Le son des vagues s'amenuisant, une petite flamme au fond de moi s'éteins, que je n'avais pas remarqué devant le brasier de ma haine. Haine de ce monde, de ces murs gris, ces pavés gris, et ce ciel pas plus clair. Haine de ces gens, clodo désoeuvré qui quémande une pièce pour sa biture, catin qui joue de charmes qu'elle n'a pas sous un porche. Finalement, mes pas me mèneront probablement à la taverne, parce que c'est là que tout s'y retrouve, ou le schéma prend forme. C'est là qu'on y trouve un patron, une bourse à décrocher, et la chaleur douce de l'alcool avant la froideur d'un caniveau.

Mais sans cette flammèche, je me sens mieux, ma haine est ma force, je l'aime brulante comme elle l'est. De toute manière, la vie, c'est un barbec, suffit de pas être la barback.


[Ouvert avec grand plaisir à quiconque veut contribuer bien sûr]

Arock

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Message  Renata Mar 17 Nov - 1:45

Assise sur mon trottoir, je regarde mes pavés. Parce que si je regarde le banc quelques mètres plus loin, les gens qui l'occupent vont se mettre à stresser. Tient, regarde, je lève juste un peu le nez et en voilà un qui tourne le regard, l'autre qui marmonne à l'oreille de sa voisine et cette dernière qui serre les fesses.
Les miens n'ont pas très bonne réputation. En plus j'ai le poil jauni, un gros tuyaux rouillé pour compagnon et un dessin atypique sur l'œil droit (ce dernier détail n'aillant déjà pas les faveurs de ma propre espèce. Mais c'est pas pour autant que je doit préférer le plus traditionnel maquillage style Barbie péripatéticienne).
Et si je leur fait un petit sourire avec les yeux brillants de sympathie ? Ah, la madame me souris aussi, mais un tout petit peu et crispée. Puis elle cherche une mouette. Alors je reviens à mes pavés.

Ils sont gris mes pavés et froids sous mes doigts de pieds. Il y a des petits grains de sables aussi ou de saleté poussée par le vent marin. Si ça se trouve certains de ces petits bouts de merdouille viennent de l'autre côté de l'océan...

Et alors que je rêvasse, des pas résonnent sur mes pavés. Ça surprend, comme il marche très fort le monsieur. C'est peut-être en frappant comme ça de la chaussure que des trucs se retrouvent expulsés de l'autre côté de la mer.
Ses talons qui claquent sec sur mes pavés du port attirent mon attention. C'est quand même un peu plus intéressant que les bouts de merdouilles, qu'ils viennent du bout du monde ou de la poubelle d'à côté.
Lui, il doit pas sentir comme ils sont froids mes pavés. Elles ont l'air solides ses semelles. J'essaie de lorgner les lacés quand il s'éloigne... zut, je les perd de vue comme il me tourne le dos. Pourquoi est-il aussi pressé ?

Mon tuyaux sur l'épaule, je me lève pour suivre ces talons qui claquent. Où est-ce que cet humain les emmène ?
Comme il marche vite et bruyamment, je cours un peu derrière, pour le rattrapper. Est-ce qu'il se rendra compte que je suis quasiment sur ses talons ? Si son lacé se défait, je pourrais marcher dessus. Mais s'il s'arrête brusquement je risque de lui rentrer dedans. Et comme il est très grand je vois pas où on va. Je le saurais bien quand on y sera. Sauf s'il s'arrête avant et me donne ses chaussures. Ben quoi ? on peut toujours rêver.
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Message  Arock Mar 17 Nov - 20:18

Je trace ma route à travers les rues, savourant la chaleur brute qui m'irradie. Au bout d'un moment pourtant, cette ardeur s'apaise, se tarie. Non, se transforme. Un bruit plus sourd, plus mou, vient rythmer le bruit cassant de mes talons. Apaisant. Je souris. Pas un mendiant comme les autres ça. Pas le même tempo, pas la mesure de la biture, non, plutôt la cadence d'une jolie danse. Danse de la vie, de la découverte, de l'envie.

Je trace ma route au travers de rues toujours différentes, toujours un peu les même, tantôt sombre, tombes ouvertes où un cadavre serait bien moins surprenant qu'un homme bien mis, et tantôt vivantes, joyeuses, de cette joie triste de celui qui fait avec, qui se contente parce qu'il a abandonné depuis longtemps l'idée d'avoir plus. Et ça me suit encore et toujours. Je ne change pas mon allure, j'écoute, j'imagine. Pourquoi me retourner ? Il ne me colle pas, ne me menace pas, j'aurais le temps de sortir une lame bien avant qu'il n'accélère son pas. J'apprécie.

Finalement, voyant une place un peu vide, un peu morne, au bout de la rue, je balance trois pièces qui vont ajouter à la mélodie de nos pas en tintant sur le pavage, et je continue ma route, j'attend la réponse de son tempo.

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Message  Renata Sam 21 Nov - 19:16

Il ne s'arrête jamais ? Mais il va les emmener jusqu'où comme ça, mes chaussure ?
J'ai dit "mes chaussures" ? Oui oui. Au cas où on me dirait "occupe toi de tes affaires !". Si je me les appropries, les affaires, je peux bien m'en occuper comme ça.

Je vis dans ce monde, donc c'est le mien. Et si le monde est à moi, il me parait logique que ce qui s'y trouve m'appartienne également.
Donc, je suis MA paire de chaussure qui contient MES pieds de MON humain. Tu me suis ? Bon mais tu lui dis pas hein, il pourrait mal le prendre s'il savait qu'il m'appartenait. Naturellement que tu lui diras pas puisque tu n'existes même pas. Mais tout le monde fait ça, ce parler à un compagnon imaginaire. Du moins, ceux qui sont équipés pour imaginer.

Et lui, qu'est-ce qu'il s'imagine ? Que parce qu'il balance deux bidules je vais me retourner pour regarder ce que c'est ?
Exactement ! Freinage d'urgence, demi-tour et je saute sur le petit rond qui brille par terre.

Une pièce ? Pourquoi il jette des pièces ?
Si c'est pour s'en débarrasser, il ferait mieux de me les donner, et si c'est pour me les donner il aurait put prendre la peine de s'arrêter, de se retourner et de me les remettre en mains propres (même si les miennes n'ont pas l'air spécialement propres. Mais ça il le sait pas puisqu'il ne s'est même pas retourné), ça aurait été plus correct, au lieu de me faire jouer à "va chercher".
Il mériterait que je lui renvois dans la caboche, ses bouts de ferraille ! Où qu'il est ?
Merde ! il va me semer.
Le coup de la pièce, c'était peut-être une ruse pour détourner mon attention et pouvoir filer en douce avec mes chaussures. Le fourbe...

Non ! non ! Il ne m'aura pas comme ça. Je cours vite et je le rattrape, quitte à utiliser tous mes pieds et même toutes mes mains (mais sans lâcher ma pièce). Et quand il se déchaussera, je glisserais un caillou dans sa chaussure, ça lui fera les pieds.
En attendant, je le suis toujours, mon humain. Maintenant que je l'ai trouvé, n'allez pas croire que je vais le lâcher si facilement.
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